Les Carrats de Georges Candilis et Anja Blomstedt

Jusqu’au 27 octobre 2017

C’est à la fin des années 1960 que Georges Candilis, militant infatigable du Mouvement Moderne – participant dès 1933 à Athènes au quatrième congrès du CIAM (Congrès International d’Architecture Moderne), puis proche de Le Corbusier qui lui confie la responsabilité du chantier de la Cité Radieuse de Marseille – met en œuvre cette expérience en s’associant à Anja Blomstedt.

Afin de comprendre cette création singulière, il ne faut pas oublier son inscription historique entre les mouvements sociaux et les chocs pétroliers, séismes annonciateurs des flux hyper-modernes et des reflux post-modernes. Alors que l’industrie vante un design souvent consensuel et amnésique, quelques créateurs particulièrement lucides préfèrent se rapprocher du « Brutalisme  ».

Ce mobilier est d’autant plus représentatif qu’il s’implante  dans  un  projet  global  faisant  date dans l’histoire de l’architecture. Il a été créé spécifiquement pour l’équipement du village de vacances Les Carrats à Port Barcarès, assemblage de petits cubes blancs reliés par des patios, évoquant l’architecture méditerranéenne et plus particulièrement les origines grecques de leur concepteur. En effet, de 1964 à 1972, ce sont deux cités balnéaires nouvelles, Port Barcarès et Port Leucate, que Candilis élève ex-nihilo, au milieu des marais insalubres de la côte du Languedoc-Roussillon. Il en conçoit l’urbanisme, les nombreux types d’édifices, les jardins, le musée de sculptures en plein air, les équipements, le mobilier, sans oublier le futuriste Hexacube, module d’habitation de loisir en résine.

C’est une réussite indéniable parmi les principales réalisations architecturales des Trente Glorieuses, cas suffisamment rare pour qu’il mérite d’être souligné. L’ancrage au territoire, à la matière, aux usages, s’y remarque, alors que la modernité prédomine en s’assumant pleinement dans la structure et les matériaux.

Sièges, tables, lits, étagères… tout l’équipement mobilier est conçu à partir d’un unique système d’assemblage. Minimaliste et ingénieux, le principe – breveté par Candilis et Blomstedt en 1969 – consiste à unir un montant porteur vertical en bois massif à un plateau horizontal en contreplaqué grâce à une simple équerre rigide en fonte d’aluminium. Les meubles ont été édités par Sentou, en frêne clair et présentent une riche patine aux tons miel, plus ou moins prononcés, suivant l’intensité d’exposition aux UV et à l’usage.

Atelier Martel, 10, rue Mallet-Stevens, 75016 ParisMaps_Google.
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