Lorenza Luti, directrice Marketing et retail de Kartell
Fondée en 1949 par le chimiste nobélisé Giulio Castelli, Kartell est devenue en 60 ans la marque de référence du design et de la décoration dans le monde. Pour cette marque italienne : passé, présent et futur ne font qu’un, car elle est restée fidèle à son approche novatrice dans la conception de ses produits. Une approche basée avant tout sur la technologie et le design. Cette enseigne est représentée dans 96 pays, 120 Flag Kartell et ses produits sont vendus dans plus de 4 000 points de vente. Il était normal qu’Homme Déco s’intéresse à l’un des géants du design qui meuble votre intérieur depuis des générations. C’est Lorenza Luti, Directrice Marketing et retail de la marque, qui a répondu à nos questions.
Nathalie Mallo – Vous avez donné au plastique, toutes ses lettres de noblesse. Quel meuble ou objet rêveriez-vous de voir dans cette matière?
Lorenza Luti – Nous sommes en train de développer le premier canapé totalement en polycarbonate transparent. Il s’appelle Uncle Jacques et est imaginé par Philippe Starck. Il sera réalisé dans un seul moule de 28kg ce qui n’a encore jamais été fait dans le monde entier. C’est un des rêves que nous avions et qui devrait devenir réalité !
Vous avez ressorti le modèle “Mademoiselle” de Philippe Starck, mais revisité par Lenny Kravitz pour un look plus rock. Envisagez-vous de prochaines collaborations avec des personnalités du spectacle?
On est très ouverts à ce type de collaborations et nous avons proposé des projets à d’autres célébrités, mais ceci demeure confidentiel. L’idée est toujours de montrer l’incroyable potentiel des produits Kartell, leur fonctionnalité, leur glamour et leur style : une marque toujours très avant-gardiste.
« Nos produits ne sont pas liés forcement à une tendance. »
Pour vous, les produits Kartell expriment le langage et l’atmosphère à laquelle ils ont vu le jour. En ce temps plus morose… cela jouera-t-il sur vos prochaines collections ?
Non, parce qu’on essaie toujours d’être au-delà des tendances. Nos produits ne sont pas liés forcement à une tendance, mais ils reflètent des besoins du quotidien et sont réalisés pour durer dans le temps. Nous sommes une entreprise industrielle, chaque produit est le résultat d’une longue recherche et d’un grand investissement.
Vous dites également qu’ils sont porteurs de messages divers, quels messages voulez-vous faire passer dans vos nouvelles collections ?
Innovation, glamour, plastique précieux, fonctionnalité, émotion !
Quelle est votre définition du vintage ?
Le vintage est quelque chose qui appartient au passé, qui a encore son charme, mais qui ne parle plus une langue contemporaine. C’est complètement différent chez Kartell, où il y a des produits (comme les Componibili de Anna Castelli Ferrieri 1969 ou la chaise de Joe Colombo 1967) qui après 40 ans sont encore tout à fait dans l’air du temps. Ceci s’explique par la volonté de Kartell de lancer des produits conçus pour une longue durée, des produits qui ne suivent pas les tendances, mais qui répondent à des exigences de fonctionnalité, mais aussi de glamour et de style.
Quelles seraient les collections phares, pour vous, qui symboliseraient le mieux l’esprit Kartell ?
Il y a des collections qui ont permis à la marque d’accroître sa visibilité au niveau international, ce sont celles que nous appelons les « icônes de Kartell ». Ces collections représentent toutes une révolution tant au niveau de la recherche des matériaux, que de la fonctionnalité, que de leur forme. On ne peut pas oublier La Marie de Philippe Starck, la première chaise au monde conçu en polycarbonate transparent dans un seul moule (après La Marie une vraie famille est née, dont le plus fameux : le petit fauteuil Louis Ghost, une véritable icône et un best-seller avec plus de 2 000 000 pièces vendues, depuis sa création il y a 10 ans).
Une autre de nos icônes est Bookworm de Ron Arad, la première bibliothèque flexible qui peut prendre la forme désirée ou le canapé industrie Bubble Club de Philippe Starck en polyéthylène, la Bourgie de Ferruccio Laviani, une lampe en polycarbonate transparent à l’élégance indiscutable. Il y a énormément d’icônes chez Kartell qui témoignent d’un réel défi technologique, d’une révolution fonctionnelle et d’une recherche sur les matériaux plastiques pour les rendre plus nobles, plus sophistiqués et précieux.
Vous avez créé un musée (en 1999, voir diaporama en bas de page), vous venez de sortir un livre sur l’histoire de la marque, quelle est la prochaine étape ?
On est toujours en train de développer des collaborations et projets spéciaux. Pour janvier 2014, par exemple, on est en train de travailler sur un projet pour le dixième anniversaire de la lampe Bourgie de Ferruccio Laviani. On a invité tous les designers de l’équipe Kartell, à donner leur interprétation de ce projet avec une pièce unique. Toutes les pièces seront présentées lors d’une exposition itinérante dans le monde entier. Nous sommes également en train de travailler sur un projet de grande envergure pour le Salon du Meuble de Milan 2014, pour le soixante-cinquième anniversaire de l’entreprise et le quinzième du Musée Kartell.
Kartell, The Culture of Plastics, d’Elisa Storace et Hans Werner Holzwarth. www.taschen.com