Vintage or not vintage ?
Depuis quelques temps, le monde de la décoration (médias, designer…) ne jure plus que par le style vintage. Du coup pour être dans la tendance, il faut absolument en avoir chez soi. Et les marques ont bien compris et s’engouffrent dans ce filon très prometteur. Résultat on trouve tout et surtout n’importe quoi ! Notre rédaction a décidé de faire le point sur cette mode et en a décrypté les codes pour vous.
Le vrai vintage
Étymologiquement, le mot “vintage” est anglais. Il désigne un vin remarquable par sa qualité, notamment en référence à un âge ou à un millésime. Quel rapport avec la décoration (ou la mode) ? A priori… aucun ! Il faut voir sa définition par extension et s’attacher aux mots “remarquable par sa qualité”, “âge” et “rare”.
Nous avons rencontré Ayann Goses, Directeur d’Habitat 1964, qui nous en a donné la définition : “ la définition du vintage pour moi, ce sont des pièces des années 50, 60 et 70. Des pièces qui ne sont plus en vente actuellement et réalisées par de grands créateurs, ou pas, mais surtout recherchées, car elles n’existent plus. Ces pièces ont souvent une histoire. Faciles à reconnaître, car elles ont bercé notre enfance. Goldorak c’est vintage ! De par sa rareté, le vintage est devenu très cher.”
De nombreux designers ont marqué ces années et ont réalisé de nombreuses pièces en série limitée où non comme Jean Prouvé, Philippe Starck, Le Corbusier, Serge Mouiller… Et la liste est longue. Alors, si vous avez la chance de posséder une de leur pièce, c’est une valeur sûre ! Mais, attention, il faut qu’elle soit absolument d’époque, le moins possible restaurée et surtout qu’elle ne soit plus rééditée. Il n’y a pas que le nom des designers, des marques comme Kartell ou Habitat sont devenues vintage. Pour en posséder, il vaut mieux s’adresser aux professionnels comme les antiquaires.
« Ce village n’est qu’à son début d’exploitation. »
Habitat a eu la bonne idée de créer son village vintage aux puces sous le nom Habitat 1964. On peut, ainsi, trouver des pièces certifiées des débuts de la marque jusqu’aux années 2004. Pour les nostalgiques, ces pièces parfois rares, comme le canapé créé par Pierre Paulin ou la table Daft Punk (800 exemplaires), sont une véritable mine de découverte ou redécouverte. Vous pouvez également vendre vos anciens meubles !
Alors, pourquoi avoir créé ce village unique en France ? Ayann Goses rétorque : “Habitat en retournant à leur source ne pouvait qu’être bénéfique. Monsieur Jaoui, qui est un visionnaire, a compris ce qu’il voulait faire dès qu’il a racheté la marque. Certes c’est une publicité, surtout dans le quartier des puces. Cependant, nous n’aurions jamais pu le faire si on n’avait pas le potentiel de meuble, mais surtout si nous n’avions pas eu des directeurs artistiques de renom : Tom Dixon, Pierre Paulin, Herman Miller… Énormément de choses reviennent au goût du jour. Le plus dur est de trouver les pièces les moins abîmées afin qu’il y ait le moins de restauration à faire pour garder l’originalité de la pièce”.
Ce village n’est qu’à son début d’exploitation. Ayann Goses nous a confié que l’année prochaine de nombreux travaux vont voir le jour. Un hôtel sera construit, des boutiques vont ouvrir leurs portes et enfin un espace de 300 m2 qui accueillera des défilés, des tournages de films ou encore des soirées. Si les puces sont le troisième lieu le plus visité de Paris par les touristes, la plupart des Parisiens sont venus pour la première fois avec l’ouverture d’Habitat 1964, donnant une nouvelle dynamique dans ce quartier populaire. Autre nouveauté une salle des ventes viendra également s’installer dans le village et effectuera une fois par mois une vente à thème, après la fermeture des puces, mais pas uniquement pour Habitat mais également pour tous les marchands des puces.
Savoir si la prochaine étape du développement d’Habitat sera d’avoir un espace au Musée des Arts Décoratifs, Ayann Goses nous répond : “C’est pas bête ! C’est un projet de travailler avec les arts décoratifs. Ce que l’on est en train de faire ici sont les prémices d’un musée. Je ne dis pas qu’on n’a pas besoin du musée des Arts Décoratifs. C’est eux qui viendront nous chercher, car nous avons travaillé avec les plus grands designers des années 50, 60 et 70. D’ailleurs, Dixon, Paulin…sont déjà exposés au Musée. Du coup Habitat est déjà au Musée, au travers des pièces des designers d’accord ! C’est un plus c’est vrai”.
L’arrivée du plastique dans les années 70 fut une véritable innovation industrielle. Certaines enseignes en ont fait une marque de fabrique comme Kartell. Cette entreprise italienne a compris tout de suite que l’on pouvait utiliser cette nouvelle matière et la transformer en objet de tous les jours. Encore aujourd’hui elle est l’une des références en la matière. Une saga différente d’Habitat, mais avec le même point commun des meubles recherchés pour leur esprit vintage. Seule différence le chemin de la mise en valeur des anciennes collections. Kartell, quant à elle, a préféré construire son propre musée en Italie et expose, ainsi, ses pièces phares. Elle a édité récemment un livre en trois langues retraçant la saga de la marque et l’on peut y retrouver les pièces qui ont fait sa renommée comme le fauteuil dessiné par Philippe Starck et qui a été récemment revisité par Lenny Kravitz.