Cahors : art et botanique
La ville de Cahors et le grand Cahors profitent de l’événement national Rendez-vous au jardin, pour faire le show ! Tous les premiers week-end de juin, l’association Cahors Juin Jardin (CJJ) rallie amateurs et professionnels du monde artistique et botanique, les incitant à s’exprimer dans les espaces verts de la ville : privés, publics ou secrets.
Lors de cette XIe édition, le « jardin en mouvement », thématique développée par le paysagiste Gilles Clément, a pulsé encore un peu plus l’art sur le territoire cadurcien. Du 3 au 5 juin 2016, habitués et badauds ont apprécié des réalisations des particuliers et artistes œuvrant pour le festival, certaines d’entre elles resteront en place jusqu’en septembre. Visite en 3 temps dans quelques-uns des 40 jardins participants.
Le citoyen au cœur du festival Cahors juin Jardin
Le premier week-end de juin a sonné le début des festivités à Cahors. Ici et là quelques verres, pichets et autres gourmandises… Quelques particuliers triés sur le volet par l’association CJJ ont ouvert la porte de leur éden aux passants curieux de découvertes, de rencontres, de partage. Alors on entre et on profite du cadre, autant que du moment. Marius sort de son garage, c’est une première pour lui ! « Je suis un artiste, c’était l’occasion pour moi de scénographier mon jardin », explique-t-il. Dans le jardin d’Isabelle, un magicien captive les flâneurs. Dans celui de l’hôpital psychiatrique de la ville, un groupe de musiciens garde la cadence.
L’art contemporain magnifie la ville et l’engagement éco-citoyen
« Cahors est un lieu constructif de paysages », précise Monique Blanquet, présidente de l’association CJJ. Depuis 4 ans, l’art contemporain se cultive dans les recoins de la ville : du monument historique, à quelques-uns des 24 jardins labellisés remarquables (par le Ministère de la Culture et de la Communication), en passant par une ancienne grange. Des pancartes signalent aux marcheurs ces repaires verdoyants qui éveillent chez eux intérêt et émotion. Il ne faudrait pas perdre une miette de ce parcours, alors on se récupère le plan à l’Office du tourisme, car des artistes de tous horizons, repérés par Isabelle Marrou, directrice artistique de l’association, se joignent au mouvement. Pourtant la démarche n’a pas été évidente. « Adopter l’art contemporain n’a pas été simple pour la région, car il fallait que cette singularité soit reconnue au sein des festivités, il fallait créer une relation avec le territoire», souligne la pilote esthétique. « Mais c’est réussi : les Voûtes Filantes imaginées par le collectif Atelier YokYok, dans le cloître de la cathédrale, l’année passée, ont connu un vrai succès. La Plastic Attack, ornementation conçue à partir de déchets plastiques, par Clay Apenouvon en 2014 est maintenant à New York », ajoute-elle. Année après année, ce festival unique gagne en notoriété, et travaille pour se développer à l’international, avec le soutien de la FRAC (Fonds régional d’art contemporain), le musée de Toulouse, les Abattoirs, le Goethe-Institut (pour la deuxième année consécutive), la biennale d’art contemporain d’Islande : FrechWinds … Aussi, cette saison, l’artiste islandaise Mireya Samper, directrice de cet évènement, a rejoint l’aventure.
Dans le parc Tassart elle présente Eternal source : un amas de pierres sur piquets, teintées d’argent. Celles-ci captent la lumière et jouent avec elle. Surprenant, le britannique Simon Whetham a créé une sonorité à partir d’enregistrement de matières brutes saisies autour de lui. De son côté Florent Albinet a composé, avec les élèves de 1er GMNF une symphonie Silencieuse » plantes artificielles mises en mouvement par un jeu de ficelles. Dans le parc Lamourous, Emmanuelle Moretti a dessiné, à même le sol, un mandala végétal participatif : chacun a pu apporter sa fleur, brindille… à la création. Ces réalisations ouvrent le dialogue sur des « valeurs citoyennes et environnementales partagées, telles que la maîtrise de la consommation de l’eau », précise Monique Blanquet. Ces installations, demeureront dans la cité, si la météo le permet pour certaines, jusqu’aux Journées Européennes du Patrimoine, en septembre.
L’engouement s’étend toujours un peu plus loin
La vague artistique qui submerge la ville durant ce laps de temps transporte bien plus que du beau dans son remous. La sublimation du territoire et du patrimoine génère un élan de solidarité dans le grand Cahors. « Depuis 4 ans, un lien social se tricote entre élus et habitants : échanges, entraides, astuces… Les jardins deviennent des lieux de partage, de créations, de méditation», précise Monique Blanquet. Dans les villages alentours, on se mobilise pour aménager, sous la houlette d’un spécialiste du genre, un petit coin de verdure : la végétalisation d’un rond-point, la création d’un jardin… De ces espaces fleurissent des liens, des activités. À Vers, le jardin des murs-murs, créé en 2015 est aujourd’hui un nouveau lieu d’échange que bichonnent ceux qui l’habitent. Ainsi, naturellement ces derniers ont souhaité soumettre cet espace au thème de 2016. Le village d’Esclauzels s’est, pour la première fois, invité dans la danse. Philippe Dereuder a sollicité les habitants pour qu’ils animent ensemble leur site. « Des installations, inspirées « des voyages de Candide » tracent un chemin. Sur 200 habitants, 45 ont participé », souligne l’ancien directeur de la Scène nationale Évreux-Louviers. Au total, 14 jardins paysages, du Montat à la vallée du Lot ont germé, nourris par l’enthousiasme des citoyens, et la bienveillance du Parc Régional des Causses du Quercy et du Grand Cahors.