Bernard Tschumi, architecte du Zoo
« Depuis le début de la démarche nous avons eu des réunions, cela a été une conception complètement intégrée. Il faut imaginer qu’un “objet” comme celui-là, à Paris, la durée de mise en place d’un permis de construire est d’une durée d’un an. Pendant toute cette période nous avions des ateliers et on passait environ une journée sur une espèce pour définir les règles. C’est une première pour nous, c’est eux (ndrl : les animaux) qui étaient les patrons et nous on mettait en oeuvre. Il fallait que cela soit joli mais aussi adapté à l’animal et au système de gestion. Tout ce que l’on a fait ? C’est ce qui ne se voit pas ! Derrière tous ces rochers ou loges il y a énormément d’éléments techniques comme la sûreté. Vous imaginez bien que lorsqu’on fait une loge de lion il ne faut pas que le soigneur se fasse agresser donc il faut être sur qu’il soit bien contenu et que la porte soit fermée. L’idée était de faire un zoo sans architecture. Ici, contrairement aux autres zoos européens, on ne voit pas la maison des girafes, du rhinocéros… En fait il y en a une ! C’est comme le restaurant on le ne voit pas. Le concept a été très difficile à faire passer auprès de toutes les Commissions Nationales.
« L’idée était de faire une zoo sans architecture. »
On s’est fait critiquer au départ mais nous avons été soutenus par la Commission Nationale des Sites qui a très bien compris l’intérêt de faire un zoo avec cette grande unité, au final ce n’est pas disparate. Ce qui fait l’originalité pour toute l’équipe de conception (paysagiste, architecte…) c’est un paysage dans lequel il n’y a pas d’architecture. En fait, c’est une scénographie, on créée des masques. Autre point sur lequel on a travaillé avec Alexis Lécu, le chef vétérinaire, c’est que l’animal puisse se cacher mais en même temps qu’il puisse être vu. Donc il y a des points de nourrissage, des points de grande vision (baies vitrées) et même un rocher chauffant pour le lion afin qu’il puisse rester dehors ! Et oui on a des locataires compliqués ! La vision du zoo est telle que nous avons l’impression que les girafes, les rhinocéros, les zèbres… sont ensembles alors qu’ils sont séparés. »
Cette réalisation unique va-t-elle vous inspirer pour d’autres conceptions ?
« On a travaillé sur des formes simples et donc économiques et on a pu voir l’intérêt d’avoir ce système de bardage. Du coup on s’en inspiré pour d’autres chantiers comme par exemple on va livrer un vestiaire de sport qui est un grand cube noir, de forme simple, avec des portiques en bois. Cette architecture est inspirée de ce que l’on a fait ici. C’est le principe même de l’architecture, on part de quelque chose qui existe et on l’améliore pour le développer. »